Le principe des dépassements d’honoraires, perçus en complément de la tarification prévue par la convention, provoque systématiquement des réactions ou prises de positions tranchées, voire violentes.
Un nouvel exemple nous en a été donné avec la remise en cause du secteur optionnel, prévu initialement dans le PFLSS.
L’opposition systématique manifestée à l’égard des dépassements d’honoraires correspond en général à une prise de position « philosophique ».
Il est grand temps de considérer ces dépassements pour ce qu’ils sont : une variable d’ajustement qui permet aux praticiens de faire face à une évolution de leurs charges bien trop rapide pour pouvoir être compensée, et surtout financée par l’Assurance Maladie.
Si les Médias nous fournissent à loisir des exemples de comportements abusifs de certains praticiens, heureusement peu nombreux, cet unique point de vue ne peut à lui seul permettre de se forger une opinion.
En premier lieu, j’avoue ma totale incapacité à justifier des dépassements d’honoraires de plusieurs milliers d’€, et je ne suis pas convaincu que de telles pratiques soient un gage de qualité du service rendu.
Mais le plus important, malheureusement médiatiquement moins « vendeur », est que la majorité des praticiens pratiquent des dépassements adaptés aux moyens, et surtout à la couverture complémentaire de leurs patients.
Certes, dans le cadre d’une hospitalisation, certains abus sont également à déplorer, visant à facturer l’ensemble des dépassements au plus près du « plafond » de la couverture complémentaire de l’assuré.
Mais concrètement, il est essentiel d’évaluer l’impact réel, pour les assureurs complémentaires, du fameux « secteur 2 ». La généralisation de l’accès au secteur 2 pour les praticiens libéraux n’engendrerait pas une augmentation de plus de 2% des coûts pour les organismes d’assurance complémentaire santé.
Nous sommes loin des 5 à 10 % d’augmentation dont sont chaque année menacés les assurés, particulièrement depuis la dernière réforme de l’Assurance Maladie.
On peut légitimement se demander si le problème est aussi philosophique qu’il le paraît : la médecine libérale n’en ayant guère que le nom, un praticien en secteur 1 (sans dépassements d’honoraires) est plus maîtrisable.
Certes, il n’y a pas lieu de plaindre financièrement la majorité des praticiens libéraux. Particulièrement si l’on fait abstraction de leurs plages horaires de travail.
Mais ce qui est en cause, c’est leur capacité à se réapproprier un système de soins qui ne répond plus aux besoins réels de leurs patients, faute de pouvoir y consacrer le temps nécessaire.
La volonté manifeste et partagée de réduire le système de soins à son financement est encore une fois en cause.
Qu’il s’agisse des honoraires des praticiens, des déremboursements, de l’Hôpital, de ses liens avec la médecine de ville, ou de RCP (assurance responsabilité civile professionnelle), le traitement et le raisonnement sont exclusivement financiers.
Or, si le problème du financement, et du coût des soins est incontournable, notre seule chance d’en acquérir la maîtrise est de prendre en compte le service médical réel, et ses composantes. L’efficience des soins, et leur coût réel en dépendent.
Le classement de la France par l’OMS, que l’on nous vante régulièrement en matière de Santé, résume ces travers : il évalue l’accès théorique de la population au soins, et non le service rendu et l’utilisation optimale du système dans l’intérêt des patients.
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