Christian CHELMAN est un homme hors du commun.
Son savoir-faire et son professionnalisme sont fondés, entre autres qualités, sur 2 notions fondamentales ; la misdirection* et la suspension d’incrédulité*.
Mais malgré une carrière que l’on pouvait prédire brillante, il ne fait pas de politique ; son art est tout autre, comme une recherche sur Google vous en convaincra.
Il doit pourtant faire face dans l’utilisation de ces 2 principes, à une rude concurrence.
Il semble en effet que les mesures prises depuis plus de 20 ans dans le domaine de la Santé (et dans quelques autres) en soient très directement inspirées.
C’est particulièrement perceptible depuis 2004 (et la promesse d’un déficit résorbé en …2007), mais le phénomène s’accélère avec les mesures prises en Juillet 2007, puis la fameuse Franchise médicale, et enfin la perspective d’une réglementation de l’installation des Médecins.
Les franchises, en dehors du fait qu’elles ne peuvent être correctement gérées dès 2008, n’ont certes pas mobilisé la population, pas plus que la grève des internes ne risque de susciter l’approbation et le soutien des patients, ni des collègues déjà installés.
Dans ce dernier cas, une éventuelle mesure de contrôle de l’installation des praticiens est particulièrement pernicieuse : totalement inefficace pour les « déserts médicaux », elle représente par contre un avantage certains pour une partie des praticiens déjà installés.
En effet, si la pénurie relative de médecins à rendu le plus souvent dérisoire l’idée de revendre sa clientèle à un confrère, la limitation des installations va permettre de valoriser l’existence d’un cabinet médical, et permettre sa revente au prix fort dans certaines régions.
En l’occurrence, inutile de faire preuve d’imagination pour comprendre qu’aucun mouvement massif des médecins n’est à redouter, trop d’intérêts contradictoires sont en jeu.
Mais le plus important est qu’aucune amélioration n’est à espérer pour nos patients.
Parvenir à opposer les usagers entre eux, les praticiens entre eux, et les usagers aux soignants, tout en présentant les mesures comme bénéfiques pour la population et salvatrices pour l’Assurance Maladie révèle un art consommé de la mise en scène et une parfaite maîtrise des 2 principes évoqués.
Misdirection : parmi les nombreuses définitions existantes : « masquer une action par un artifice ».
Suspension d’incrédulité : le spectateur (la victime ?) suspend durant un temps son esprit critique, ce qui lui permet de laisser agir son imaginaire, tout en conservant un ancrage dans la réalité.